Fausse alerte

Fausse alerte, les gars.ces.,

Contrairement à ce qu’on pouvait croire , le printemps n’est pas tout à fait là ! Le véritable signal du printemps n’est pas encore apparu. L’indubitable signe du renouveau de la nature à Ferrachat, c’est quand Gilbert tombe le futal et sort le short. Là c’est le vrai top départ. L’irréversible. Car quand Gilbert sort le short, y’a plus de retour en arrière ; c’est short, point barre ! Jusqu’au premières gelées !

Au petit matin il fait encore un poil frisquet. Le short attend sagement rangé dans un tiroir. Ça frémit certes, mais avant l’heure, c’est pas l’heure. Du coup nous aussi on ronge notre frein. Les outils sont révisés, les tracteurs sont vidangés et graissés, l’atelier est rangé. On a déjà commencé à bricoler dans les serres et à faire quelques semis de roquette dehors mais on n’est pas encore lancé à fond de balle.

Tiens en parlant de roquette et puisqu’on a encore le temps de s’enquérir de la marche du monde, j’apprends - ô tristesse- le décès de Serge Dassault. Accident d’hélicoptère au décollage. En même temps le gars pesait 5 milliards et avec un tel poids tout décollage est une prise de risques. Faut les lever les 5 milliards ! En tous cas moi ça risque pas de m’arriver ce genre de soucis. Mon hélico est super bien entretenu. Et puis je vais plus à Deauville depuis qu’ils ont refait la déco du Normandy, c’était plus chic du temps de Barrière.

On est de la déconne, t’as compris. Mais total respect à nos capitaines d’industrie et à nos députés. C’est juste qu’ on ne peut pas être toujours grave. Regarde, sinon c’est le Bernanos de 1945, « La France contre les robots » :

" j’ai vécu une époque ou la formalité du passeport semblait abolie à jamais.N’importe quel honnête homme, pour se rendre d’Europe en Amérique, n’avait que la peine d’aller payer son passage à la Compagnie Transatlantique. Il pouvait faire le tour du monde avec une simple carte de visite dans son portefeuille (...)

Il y a vingt ans, le petit-bourgeois français refusait de laisser prendre ses empreintes digitales, formalité jusqu’alors réservé aux forçats(...) On avait beau lui dire :« Que risquez-vous ? Que vous importe d’être instantanément reconnu grâce au moyen le plus simple et le plus infaillible ? Le criminel seul trouve avantage à se cacher. » (...) C’est le mot de criminel dont le sens s’est prodigieusement élargi, jusqu’à désigner tout citoyen peu favorable au Régime, au Système, au Parti, ou à l’homme qui les incarne(...) Le petit-bourgeois français n’avait certainement pas assez d’imagination pour se représenter un monde comme le notre, si différent du sien, un monde ou à chaque carrefour, la police d’état guetterait les suspect, filtrerait les passants...Il pressentait qu’une arme si perfectionnée, aux mains de l’État, ne resterait pas inoffensive pour les simples citoyens(...)

L’idée qu’un citoyen qui n’a jamais eu affaire à la justice de son pays , devrait rester parfaitement libre de dissimuler son identité à qui lui plaît, pour des motifs dont il est seul juge, ou simplement pour son plaisir, que toute indiscrétion d’un policier sur ce chapitre ne saurait être tolérée sans les raisons les plus graves, cette idée ne vient plus à l’esprit de personne (...) Et lorsque l’état jugera plus pratique, afin d’épargner le temps de ses innombrables contrôleurs, de nous imposer une marque extérieure, pourquoi hésiterions-nous...? L’épuration des Mal-Pensant, si chère aux régimes totalitaires en sera grandement facilitée."

C’est Bernanos ?! je croyais lire Orwell ! Mais pourquoi je vous parle de tout ça moi ? C’est quoi ces histoires de passeport ?
Vivement le printemps qu’on arrête ces salades et qu’on retourne à nos salades...

Aller, bizatous.
Eric